La Game Academy est une école dédiée aux jeux vidéo. La structure, classée 21e au niveau mondial, est la 3e école de développement en France. Visite de cet univers.

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Dans une des salles de la Game Academy, à Avignon, neuf élèves en 4e année et leur formateur sont plongés dans le noir. Tous sont concentrés sur leurs ordinateurs de compétition, leurs visages simplement éclairés par les imposants écrans. Le silence règne. C’est une symphonie de clics de souris sur fond de bruits de claviers multicolores.

Solenn, 20 ans, est la seule femme. L’étudiante avignonnaise, en graphisme, réalise un visage plus vrai que nature grâce à sa tablette graphique. Partie d’un "cross over", elle s’est inspirée de l’actrice indienne qu’elle affectionne, Dipika Kakkar, pour l’implanter dans un monde de fantasy, comme l’a demandé son formateur, Teddy Naudin.

"Je choisis une bonne texture, un grain de peau que j’aime, pour, ensuite, le calquer sur une sculpture afin de mettre la peau sur la forme." Sur son écran, tout un tas de chiffres qui correspondent à des coordonnées dans l’espace. "Ça fait plusieurs jours que je suis dessus. Et j’en ai encore pour quelques nuits", sourit-elle. La jeune femme, comme ses camarades, passera en juin 2024 ses examens de fin de cursus.

La Game Academy, qui la forme, s’est taillée une sacrée réputation ces dernières années : septième école de développement de jeux vidéo, au niveau français, l’an passé, et 31e mondial, la structure avignonnaise est désormais la 3e en France et se hisse à la 20e place au niveau international ! Le classement est réalisé par The Rookies, un organisme international qui recense les écoles spécialisées à travers le monde.

Une très belle récompense, donc, pour le jeune fondateur, Kévin Vivier, 30 ans à peine, qui a créé l’école il y a 7 ans. "On accueille une centaine d’étudiants, qui viennent des alentours pour la plupart. Mais de plus en plus d’élèves arrivent de bien plus loin", se félicite le directeur, qui dispense de temps à autre des cours de "game design".

Fort de son succès, l’établissement enregistre une belle croissance de sa fréquentation, "+10% chaque année depuis la création", assure le trentenaire, qui n’hésite pas à se qualifier de "bon vieux geek". "Je baigne dans les jeux vidéo depuis que j’ai 4 ans", retrace-t-il, nostalgique de la Nes, sa première console signée Nintendo.

De retour dans la salle de classe où il fait (très) chaud, Teddy Naudin, le formateur en graphisme, spécialiste de l’anatomie, enseigne six logiciels. À tout moment il peut prendre le contrôle de chaque appareil. Cette session de production active d’un visage durera deux semaines. "On part d’un crâne vide et on détaille tous les muscles", explique le professionnel en s’appuyant sur sa bible en 3 tomes, Anatomie pour les sculpteurs, qui mentionne précisément, par exemple, les muscles sterno-cléido-mastoïdiens et encore infra-hyoïdiens, indispensables pour donner vie à des personnages plus vrais que nature.

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40% de femmes en première année

Dans une autre salle, même ambiance studieuse et tamisée. Sous la houlette de Benjamin, formateur spécialisé dans le moteur Unreal Engine 5, à côté de Noé, 21 ans, Jérôme, 31 ans. L’Avignonnais qui passe environ 15 heures devant un écran par jour souhaiterait devenir programmeur plus tard. Sur son écran, les lignes de codes se succèdent. C’est incompréhensible pour la plupart mais elles sont essentielles pour créer, par exemple, des dialogues, les comportements des personnages, les interactions...

À l’étage inférieur, dans la salle "Halo", c’est cours de 1re année en graphisme. Et l’élève est devenu maître. Allan, 25 ans, est désormais assistant de formation après être passé par la Game Acadamy. "Une première année qui est assez féminine avec 40% de femmes", souligne Kevin Vivier. Et preuve que l’établissement devient de plus en plus réputé, Jack, 22 ans, est américain. Il débarque de Costa Mesa, proche de Los Angeles, en Californie. "C’est un peu dur de suivre en français mais c’est une expérience unique. On est sur une école de haut vol."

Selon le directeur, "la France est reconnue dans le milieu du jeu vidéo, avec 60% d’employabilité à l’étranger, en sortie d’étude".

Côté budget, comptez 24700 euros pour cinq années d’études. "C’est une des écoles les moins chères de France", précise Kévin Vivier. Les candidatures pour 2024, quant à elle, sont ouvertes. Et elles rencontrent déjà un beau succès...

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Un choix d'études entre programmation et graphisme

Les étudiants à la Game Academy ont le choix entre deux cursus, dont les cours sont dispensés par 7 formateurs. La programmation ("game developer") concerne tout ce qui touche au développement des jeux vidéo, avec l’intelligence artificielle, "toute la face cachée du jeu vidéo", résume Kévin Vivier. Le fameux code en fait partie. Pour les connaisseurs, en C ++ et C# avec utilisation des moteurs Unreal Engine 5 et Unity.

Le cursus de graphisme ("game art") se focalise sur tout ce qui est lié au graphisme, les environnements, les personnages, les véhicules, les armes et autres objets… "Ils rendent des devoirs et sont évalués sur leur projet en fin d’année par des studios externes, pour un tiers de leur note finale", tient à préciser le patron.

Certains étudiants passés par la Game Academy sont désormais programmeurs chez Ubisoft, Ankama et Cross the Ages. À l’international, on peut citer l’entreprise Game Workshop ou encore THQ Nordic et le studio Exkee. "Certains ont planché sur du triple A, des projets de jeux vidéo à plusieurs millions d’euros de budget", ajoute le directeur.

Mais la technologie des jeux vidéo ne se cantonne pas à ces grosses sociétés spécialisées.

"Il y a également l’armée de l’Air où beaucoup d’étudiants vont travailler, notamment sur de la simulation poussée et ultra-réaliste de pilotage d’hélicoptère." On peut même tout à fait concevoir travailler dans l’univers du cinéma et des applications mobiles.


La Provence - Paul Guibal